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GTA 5 fête ses 10 ans, retour sur un mastodonte du jeu vidéo

Quel jeu vidéo cristallise davantage l’attention des joueurs du monde entier que GTA 6 ? Sans doute aucun, et ce pour une bonne raison : il a la (très) lourde responsabilité de succéder au cinquième épisode de la licence culte de Rockstar Games, deuxième jeu le plus vendu de tous les temps, qui souffle aujourd’hui ses dix bougies.

GTA 5 est une légende du jeu vidéo, dont la success story sans précédent fait bon nombre d’envieux dans l’industrie. Un titre culte, sorti il y a déjà dix ans, sans pour autant que sa suite ne daigne pointer le bout de son nez. Dix ans, dans le monde du jeu vidéo, c’est une éternité. Une décennie entière peut traverser trois générations de consoles, et c’est exactement ce qu’a fait Rockstar Games avec Grand Theft Auto V, paru le 17 septembre 2013 sur… PlayStation 3 et Xbox 360. C’était une autre époque, et pourtant, à l’instar d’un Skyrim (2011), celui qu’on appelle “GTA 5” demeure à ce jour la dernière itération d’une des franchises les plus populaires de l’industrie vidéoludique. Réédité dès l’année suivante sur la nouvelle génération (PlayStation 4 et Xbox One), il a même réussi la passe de trois avec un portage supplémentaire sur PlayStation 5 et Xbox Series X/S huit ans plus tard, pulvérisant les records de vente tous les ans, tandis que sa suite se fait plus que désirer.

A Rockstar is born

Lorsque DMA Design devient définitivement Rockstar en 2001, le jeu vidéo entame le troisième millénaire en opérant un de ses tournants les plus importants. Le studio écossais entre dans une nouvelle dimension, avec “GTA III” et publié initialement en exclusivité sur PlayStation 2. Le succès phénoménal de ce jeu d’action en monde ouvert permet à Rockstar de se faire bien plus qu’un nom, au-delà des polémiques entourant un titre résolument violent et désireux de se payer une société américaine caricaturée sans concessions. La jeune franchise avait déjà connu son lot de controverses sur PlayStation, avec deux premiers opus (et un spin-off) s’étant davantage fait connaître pour leur capacité à défrayer la chronique que pour leur gameplay et leur ambiance, mais sur PS2, les choses ont changé.

GTA 5
GTA 3 (2001)

Porté par les frères Houser (Sam, producteur, et Dan, scénariste), co-fondateurs du studio, Rockstar porte subitement très bien son nom. Passé de vilain petit canard de l’industrie à véritable référence dans son domaine, le développeur enchaîne les hits durant une décennie couronnée de succès, dont il est clairement l’une des figures de proue. Chaque nouvel épisode de “GTA” est un carton, de “Vice City” (2002) à “IV” (2008) en passant par le légendaire “San Andreas” (2004), mais Rockstar Games n’est pas en reste, publiant également en tant qu’éditeur d’autres titres à destination d’un public adulte : Manhunt, à Red Dead Revolver ou encore Bully, ainsi que les portages des deux premiers Max Payne sur console. Rockstar a même plus d’une corde à son arc, comme en témoignent le surprenant Table Tennis ou la série de jeux de course arcade Midnight Club.

GTA 5
GTA 4 (2008)

Une domination sans partage

Seulement, c’est au début des années 2010 que Rockstar Games va laisser l’impression la plus forte de son histoire, surfant sur la dynamique entamée avec GTA 4 (25 millions d’ex vendus) avec brio. En 2010, Rockstar San Diego livre un des jeux vidéo les plus marquants de sa génération avec Red Dead Redemption, souvent considéré comme le meilleur GTA-like de tous les temps. Il collabore ensuite avec Rockstar North, Rockstar Leeds et Rockstar New England (excusez du peu) pour achever L.A. Noire, autre jeu en monde ouvert inspiré des films noirs. Puis, l’année suivante, c’est au tour de Max Payne 3 de voir le jour, et même si le titre connaît un échec commercial rare chez Rockstar, sa réputation auprès des joueurs n’est plus à faire.

GTA 5
Max Payne 3 (2012)

C’est au beau milieu de cette époque dorée que les frères Houser et leur associé Leslie Benzies dévoilent celui que la planète gaming tout entière attendait : Grand Theft Auto V. Le jeu est officialisé le 25 octobre 2011 via un simple logo affiché sur le site web des nouveaux rois de l’industrie. Alors que les acteurs du jeu vidéo ne maîtrisent encore que très peu les codes des réseaux sociaux et des plates-formes de streaming ou de vidéo à la demande, Rockstar est en avance sur son temps et témoigne d’une certaine maîtrise du teasing. Une semaine plus tard, la première bande-annonce officielle du jeu est en ligne, et déchaîne les passions : neuf jours avant la sortie d’un certain Skyrim, le monde entier ne parle que d’un autre jeu avec “V” dans son titre.

Le V de la victoire

On le savait déjà, mais on s’en rend un peu plus compte tout au long des presque deux années qui suivent : Rockstar est malin. Très malin. Après avoir généré un engouement probablement sans précédent dans l’histoire du jeu vidéo avec ce premier trailer, le développeur ne donne plus aucune nouvelle pendant plus de six mois, le temps d’assurer la promotion de Max Payne 3, qui sort en mai 2012. La machine médiatique repart de plus belle durant l’été qui suit, et le développeur dévoile des informations de plus en plus fréquemment, mais sans jamais trop en dire ou en montrer. On finit par voir un peu de gameplay, puis une fenêtre de sortie au printemps 2013 est envisagée. Repoussé au 17 septembre, Grand Theft Auto V honore la seule et unique date ayant été officialisée par son éditeur, et avec la manière.

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Très ambitieux avec son nouveau bébé, et parfaitement conscient de l’ampleur du phénomène GTA depuis plus de dix ans, Rockstar Games s’était fixé comme objectif de battre les records de vente d’un jeu vidéo le jour de sa sortie sur deux territoires clés : les États-Unis et le Royaume-Uni. Au pays d’origine des frères Houser, le record en question était détenu par Call of Duty: Black Ops, dont 1,4 million de copies avaient été distribuées day one sur le territoire britannique. GTA IV, à titre de comparaison, n’avait totalisé “que” 630 000 copies à sa sortie en avril 2008. Pari réussi : 2,25 millions de GTA V sont vendus au Royaume-Uni le jour de sa sortie (et, à titre de comparaison, 1,1 million en France, record national à l’époque également). Selon Guinness, qui avait indiqué à GameSpot avoir travaillé avec Rockstar pour obtenir des chiffres de vente précis afin d’établir un potentiel record du monde, ce sont 11,21 millions d’exemplaires qui ont été vendus dans le monde dans les 24 premières heures de commercialisation, pour plus de 800 millions de dollars de recettes. Le milliard, lui, est atteint en moins de trois jours.

GTA 5

Nous n’allons pas énumérer tous les records de vente que GTA V a pu établir au début de sa commercialisation, mais reviendrons sur une date clé, celle du 29 octobre 2013. Un peu moins d’un mois et demi après la parution du jeu, ce dernier a déjà atteint 29 millions de ventes alors qu’il n’est pas encore sorti sur PC (ce qui attendra jusqu’au printemps 2015 !), tutoyant déjà les 32 millions d’unités du record maison de Rockstar… détenu évidemment par GTA IV, lui disponible sur PC, et surtout de plus de cinq ans son aîné. Les chiffres de vente sont déjà ahurissants, alors qu’il n’est pas encore question officiellement de porter le jeu sur la nouvelle génération de machines prévue pour débarquer deux semaines plus tard.

On ne change (presque) pas une équipe qui gagne…

La suite n’est qu’une succession de records en tous genres, portée d’abord par les versions PlayStation 4 et Xbox One, qui auront autant de succès que sur PS3 et Xbox 360. Cependant, ce qui va faire exploser GTA V et le faire entrer dans une dimension très différente de celle d’un “simple” triple A distribué à 30 millions d’exemplaires, c’est son mode multijoueur en ligne : GTA Online. Non intégrée d’office au jeu, et prévue pour quelques semaines plus tard, cette extension aux allures d’évidence va radicalement changer la donne.

GTA 5

En débarquant sur des consoles enfin pensées pour le multijoueur, Rockstar en avait rajouté sur chacune de ses productions majeures, sans renier pour autant ses fondamentaux : des modes solo fun, denses et à l’écriture d’une redoutable subtilité. Ainsi, GTA IV, Red Dead Redemption et Max Payne 3, aux modes solo acclamés pour leur profondeur, se sont chacun vu greffer un online de qualité prolongeant une expérience solo déjà très solide. La suite logique, c’est de miser encore un peu plus sur cette composante pour GTA V, tout en s’assurant de lui offrir un scénario marquant mettant en scène des personnages hauts en couleur, charismatiques, caricaturaux et toujours mémorables.

GTA 5

Porté par une nouvelle histoire de gangsters mettant en scène trois anti-héros entre lesquels alterner, le dernier bébé de Dan Houser est une réussite de plus, particulièrement dans sa critique acide des réseaux sociaux et du monde moderne. GTA V se permet en outre le luxe de brosser les joueurs dans le sens du poil, en réexploitant la cité de Los Santos et l’état fictif de San Andreas qu’ils avaient tant aimés en 2004 dans l’épisode éponyme. Avec la promesse d’un multijoueur complet aux allures de MMO se déroulant sur une map variée (et bien plus intéressante que celle de GTA IV ou de Red Dead Redemption), il ne restait plus à Rockstar que poursuivre la tradition du contenu additionnel solo conséquent. Le studio avait déjà offert par le passé à ses jeux des DLC à l’écriture soignée et à l’ambiance un peu décalée par rapport au jeu de base, en la personne The Ballad of Gay Tony ou de Undead Nightmare. Hélas, nous n’y aurons jamais droit, et pire : nous ne pourrons même pas en vouloir à Rockstar d’avoir tout misé sur GTA Online.

GTA 5

Le braquage du siècle

Quand le multijoueur en ligne de Grand Theft Auto V est mis en service, on n’imagine pas encore à quel point il va transformer le paysage du jeu vidéo, ainsi que la philosophie de Rockstar Games. Qui aurait en effet pu prédire que l’un des noms les plus respectés de l’industrie ne publierait ensuite plus qu’un seul titre inédit en dix ans (Red Dead Redemption II en 2018) et plus jamais un seul contenu additionnel solo ? Probablement personne, car le succès de GTA Online n’était sans doute pas imaginable. En arrivant deux semaines après la sortie du jeu, ce qui a laissé à bon nombre de joueurs assez de temps pour potentiellement terminer son scénario principal et s’habituer à sa map, le mode multijoueur de GTA V débarque pile au bon moment.

GTA 5

Pourtant, en dépit d’un excellent démarrage, c’est une fois sorti sur consoles de nouvelle génération et surtout sur PC que le dernier Grand Theft Auto sorti à ce jour va décoller dans d’autres sphères, et dans des proportions qu’aucun analyste de l’époque n’avait été capable d’anticiper. Et pour cause : GTA Online fut dévoilé très tardivement, seulement deux mois avant la première sortie du jeu, et présenté un mois avant dans une brève vidéo, comme si Rockstar ne misait pas plus que ça dessus, et espérait surtout vendre une nouvelle leçon de narration et d’ambiance dans un jeu d’action solo en monde ouvert. À titre d’illustration, l’analyste Colin Sebastian misait sur 20 millions de ventes sur la première année de commercialisation du jeu. Un “pari” formulé… en juillet 2013, une fois GTA Online dévoilé.

GTA 5

Lorsque la version PC débarque enfin en avril 2015, tous les pronostics ont été dépassés : GTA V a dépassé les 45 millions d’unités vendues, devenant le troisième jeu console le plus vendu de tous les temps. La suite ? C’est une série de nouveaux records battus chaque année. Le coup de force de Rockstar est tellement hors du commun que le titre se vend quasiment aussi bien tous les ans à raison de plus de 15 millions de moyenne. Oui, vous avez bien lu : pendant une décennie, Grand Theft Auto V s’est vendu tous les ans autant de fois que les analystes le prédisaient… pour sa première année, celle où 95% des ventes d’un jeu vidéo se font.

GTA 5

Le secret de la réussite

Aujourd’hui, dix ans après sa sortie, GTA V a dépassé la barre des 180 millions d’unités vendues dans le monde, devenant le deuxième jeu vidéo le plus vendu derrière Minecraft. Au-delà de l’excellence de son gameplay, riche et pas spécialement daté malgré les années, et de la subtilité de l’écriture de ses personnages, le dernier opus de la licence Grand Theft Auto est surtout un modèle de longévité hors du commun. En-dehors, à la rigueur, de Mario Kart 8 Deluxe, aucun autre jeu que le dernier GTA ne continue de se vendre sans donner l’impression de pouvoir disparaître des classements hebdomadaires.

GTA 5

Toutefois, il faut bien l’admettre, le solo n’a rien de révolutionnaire. Il ne fait “que” s’inscrire dans une longue lignée de jeux d’action en monde ouvert “à la Rockstar”, très bien raconté mais jamais spécialement impressionnant techniquement. Et puis, de toute façon, ce n’est pas tout à fait Grand Theft Auto V qui se vend comme des petits pains, mais plutôt GTA Online. Disponible en standalone (séparément du jeu solo de base, NDLR) depuis un an et demi, c’est bel et bien le mode multijoueur audacieux et constamment alimenté par Rockstar qui constitue sa poule aux œufs d’or. Il y a en effet fort à parier que les choses auraient été différentes si la firme des frères Houser s’était contentée d’un contenu additionnel solo ou deux, façon GTA IV, et n’avait mis à jour son mode en ligne qu’une à deux fois par an sans donner l’impression de vouloir y retenir les joueurs. Ses ventes auraient été probablement bien moins impressionnantes, peut-être ne serait-il même pas sorti sur PlayStation 5 et Xbox Series… parce qu’un certain GTA 6 serait sans doute sorti, depuis le temps.

GTA 5

S’il y a bien une chose que l’on peut reprocher à Grand Theft Auto V… c’est bel et bien de ne pas arrêter de se vendre. Dans l’état actuel des choses, Rockstar n’a pas véritablement d’intérêt à précipiter la sortie de sa suite, qui pourtant est très probablement le jeu vidéo le plus attendu de tous les temps. Grâce aux revenus cumulés du jeu de base et des innombrables microtransactions de GTA Online, le développeur dispose en outre d’un budget inestimable alloué à la conception d’un GTA 6 dont on ne sait toujours quasi rien, et dont la responsabilité sera terriblement lourde à porter : sa tâche consistera, tout simplement, à succéder au jeu vidéo le plus lucratif de l’histoire de l’industrie.

GTA 5

On ne peut que s’incliner devant la performance éblouissante établie par GTA 5 dix ans après sa sortie, est toujours le dernier épisode en date de la licence. Bien que pas forcément révolutionnaire au moment de sa sortie, il a su faire la différence grâce à un multijoueur en ligne ultra efficace, entretenu à la perfection par ses développeurs, et devenu la raison n°1 d’acheter un jeu vidéo qui n’a jamais cessé de se vendre durant une décennie. Aujourd’hui, GTA V approche des 200 millions de copies vendues, et le défi qui attend son successeur est de ceux que seul un monstre sacré de l’industrie semble capable de relever. Mine de rien, après dix ans, il est plus que temps pour Rockstar de dévoiler ses nouvelles ambitions.

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